Fort de Tancrémont !

Historique

 Le fort de Tancrémont est le dernier des 4 nouveaux forts construit et se trouvera au sud de cette nouvelle ligne de défense (PFL 1) en avant de la position de Liège. Au début des années 30, la commission des fortifications avait prévus la construction d’un 5^ème fort à Sougné-Remonchamps, ce dernier suite à un changement politico-stratégique de la défense de la frontière Est,  ne fut jamais construit.


Le site du fort de Tancrémont fut choisi pour prendre sous ses feux la vallée de la Vesdre et de la Hoëgne.


                                       Vue aérienne du fort de Tancremont, au premier plans la route de Banneux

Le chantier de Tancrémont durera de Mai 1935 à Août 1937. Par rapport aux 3 autres nouveaux forts réalisés à cette période, Tancrémont fut rapidement mis sur pieds.

Technique

 Le fort de Tancrémont est un quadrilatère, l’ensemble du fort à une superficie de 30 hectares.


Il suivra la logique et la technique des nouveaux forts et sera comparable au fort d’Aubin-Neufchâteau. Le quadrilatère est formé par un fossé de 5m de haut et de 15m de large.



L’artillerie est constitué de
2 coupoles M34 équipée de 2x c de 75mm montées sur les blocs B2 & B4.
Les blocs sont également équipés de 2 cloches mitrailleuses.
Bloc mortiers BM au centre du massif, équipé de 3 mortiers de 81mm + une cloche d’observation.

La défense des fossés (saillants) est constituée d’un

Bloc simple B1 ayant fonction d’entrée principale du fort et de bloc de défense de la rampe d’accès.
  avec 1 mitrailleuse MG.08 (sous casemate) + 1 cloche mitrailleuse.
Bloc simple C2  avec 1 canon de 47mm (sous casemate)
  avec 1 mitrailleuse MG.08 (sous casemate)
Bloc double C3 avec 2 canons de 47mm (sous casemate)
  avec 2 mitrailleuses MG.08 (sous casemate)
Bloc simple C4 avec 1 canon de 47mm (sous casemate)
  avec 1 mitrailleuse MG.08 (sous casemate)

En couverture extérieure, on trouvera

Le bloc P, casemate servant d’entré de temps de guerre équipée d’une cloche FM, l’entré est protégé par 2 FM sous casemate. Ce bloc comprend une cheminé télescopique de prise d’air.
Le bloc O, casemate de prise d’air télescopique avec cloche FM.
L’emplacement des MG anti-aériennes est situé au niveau du bloc P. Les MG sont disposées dans de simples épaulements à découvert.

Mai 1940

Le fort de Tancrémont fait partie du IVème Groupe d’artillerie de forteresse de Liège aux ordres du Major.Herbillon. Son équipage est composé de 630 hommes de troupe du régiment de forteresse de Liège. L’officier qui commande le fort de Tancrémont est le Capitaine Devos.

 Dans la nuit du 09 mai au 10 mai 1940, juste après minuit et au même titre que l’ensemble des éléments de forteresse qui compose la PFL.1, le fort de Tancrémont est placé en état d’alerte.

Ce n’est que vers 06h00 que l’on considère le fort en configuration de guerre et l’ensemble de l’équipage prêt au combat. La zone de tirs (périmètre proche du fort) est dégagée et l’ensemble des baraquements de temps de paix sont entièrement incendiés. Le réseau de barbelés est renforcé. Les premiers tirs de réglage et de destructions sont exécutés à partir de 9h00 et sur une grande partie de la matinée du 10 mai par l’artillerie du fort.

Dans le courant de l’après-midi du 10 mai, l’ensemble des postes d’observation et les patrouilles extérieures remarques que la majorité des troupes de première ligne quittent leurs positions suite à leur action de retardement et de destructions locales. En fin d’après-midi cela sera le dernier contacte avec des unités Belge, c'est-à-dire des éléments du 1^ère lancier venant de la zone frontière de Küchelscheid. Pour le restant de la journée et de la soirée, les tirs de réglage et de destructions sont d’actualité.

 En ce 11 mai, le flux de réfugier provenant de l’est diminue. En début de l’après-midi, tirs dans le secteur de Spa. Par la suite, des tirs réguliers vers Creppe, sur la route Desnié - Haut-Regard et route de La Reid.

Dans la nuit du 11 au 12 mai, considéré comme potentiellement inutile au fort de Tancrémont par le commandant, une petite partie de l’équipage du fort quitte ce dernier pour rejoindre les unités de forteresse dans le secteur de Liers au nord de Liège.

Vers 10h30 en ce 12 mai, le fort subira son premier bombardement par l’artillerie Allemande. En début d’après-midi le fort est averti que le PO de Mousset a des blessés qu’il faut récupérer d’urgence.
Vers 18h00, une attaque brusque est réalisée par des sapeurs Allemands entre le bloc P et O, celle-ci est immédiatement repoussée par les cloches MG et les boites à balles des coupoles. Les PO du fort restent vigilants pour le reste de la soirée et de la nuit.

La journée du 13 mai est relativement calme. Quelques tirs de boites à balles sur le périmètre du fort.

Dans la nuit du 13 au 14 mai, un Pak.36 de 37mm est installé au niveau de la rampe d’accès du bloc P. Ce dernier sera rapidement neutralisé. Tout comme pour le jour d’avant, la journée du 14 mai est assez calme.

Pour ce 15 mai, le seul grand événement est la perte du poste ‘Vesdre’. Sinon quelques bombardements assez espacés du massif.

En ce 16 mai quelques tirs en direction de Johoster, Buisson et Haut-Regard. De fortes patrouilles Allemandes sont en actions dans la région pour la recherche des différents PO du fort.

Pour ce 17 mai tôt le matin une tentative de sortie pour une patrouille légère fut réalisée, mais celle-ci ne pourra passer le sas du bloc B1. A la tombé de la nuit, une autre tentative sera réalisée par des volontaires pour rejoindre le PO ‘Vesdre’, mais sans résultat…. Le PO VM29 ne donne plus de nouvelles.

En ce samedi 18 mai, premier contacte vers 10h00 avec des parlementaires Allemands, ceux-ci sont accompagnés par les commandants du fort de Chaudfontaine Cpt.Clobert (tombé le 17 mai à 18h30) et d’Embourg Cpt.Jaco (tombé le 17 mai à 20h00), il n’y aura aucunes collaborations !

L’abri de Mont est menacé, les tirs des coupoles le dégage momentanément. Des tirs sont encore exécutés vers La Reid-Haut-Regard.

 Pour ce 19 mai, la pression sur les PO extérieurs se fait sentir. Le poste BV7 est particulièrement menacé, plusieurs tirs d’appuis furent réalisés sur ce dernier. Le bombardement du fort est toujours en cours.

 Dans la nuit du 19 au 20 mai, bombardement par de l’artillerie lourde (minimum du 21Cm) sur l’ensemble du massif du fort. Ce bombardement durera jusqu’à 12h00. Des tirs de saturations par mitrailleuses lourdes sur l’ensemble du massif sont aussi réalisés, ce qui empêche toutes sorties !
Sous la pression ennemie, le poste BV7 sera abandonné par son équipe en début de soirée.

Mardi 21 mai, le bombardement par l’artillerie Allemande du massif continue. Le fort de Tancrémont fait le gros dos. Et par économie des munitions, les coupoles ne réalisent plus de tirs de saturation.

Au matin du 22 mai, nouvelle visite vers 11h30 de parlementaires Allemands accompagnés d’un officier Belge (Officier de Battice). Vers 15h00 autre tentative avec des parlementaires, le Cpt.Guéry du fort de Battice est présent. Le Cpt.Devos refuse toutes discussions….. Le PC du fort constate que le poste ‘Mont’ ne répond plus. A cette date, le fort de Tancrémont reste seul sur cette zone du front.

Pour le Jeudi 23 mai, le bombardement du fort continue sans interruptions. Le dernier PO, VM3 signale encore quelques objectifs dans son secteur. Quelques tirs de harcèlement seront exécuté aléatoirement (Soiron, Cornesse).

Vendredi 24 mai, le fort réalise de temps à autre des tirs vers Cornesse-Wegnez. Le poste VM3 sera définitivement abandonné. Via la radio du fort, il y a un contact avec le fort de Maizeret (Namur) !

25 Mai, on considère que le fort de Tancrémont est isolé, il n’y a plus de postes avancés et de PO.

En début de soirée des tirs furent exécutés vers la route de Banneux, Spa et Wegnez. L’ensemble des coupoles et le bloc mortiers réalisent régulièrement des tirs de protection sur l’ensemble du périmètre. La vigilance est de rigueur !

Le 26 mai rien de spécial, tirs vers Louveigné, Wegnez et Haut-Regard. Le fort subis de temps à autre des bombardements par l’artillerie allemande.

La journée du 27 mai est identique que le jour précédant. L’artillerie continue à réaliser des tirs de harcèlement vers le secteur de Spa, de Haut-Regard et de Wegnez.

Dans la nuit du 27 au 28 mai, des tirs par boites à balles sont réalisés ponctuellement vers le bois des Mazures. Vers 12h00 ce 28 mai, première information circulant dans le fort qui indiquerait la capitulation de la Belgique ! Information confirmée à 13h00 !
L’équipage est septique, mais celui-ci reste à ses postes de combat. En début de soirée (vers 19h00), prise de contacte par 3 émissaires (un officier, un sergent et un soldat) du fort avec les allemands.

La nuit du 28 au 29 mai est assez calme. Au matin du 29 mai vers 09h00 une entrevue est organisée avec les allemands. Suite à cette entrevue et à la confirmation de la capitulation de la Belgique, le fort arrête le combat vers 11h00 ! L’ensemble de l’équipage quittera le fort pour la captivité…..
Le Fort de Tancrémont fut donc le dernier poste de combat à se rendre, une journée après la capitulation des Armées et du gouvernement……

Tancrémont de nos jours

Poterne d'entrée de temps de paix.

Poterne d'entrée de temps de paix, face intérieur.

Bloc I, bloc d'entreé de temps de paix. 

Bloc B1, casemate de la MG.08

Bloc C2, coffre simple.

Bloc C3, coffre double.

Fossé CI vers CIV.

Bloc C4, coffre simple.

Bloc C4, coffre simple. Vue des embrassures pour MG.08 et phare.

Bloc II, Vue de la coupole M34 de 2x75mm et de la cloche MG.

Coupole M34 2x75mm du bloc IV.

Vue d'ensemble du bloc mortiers et de la cloche d'observation. En arrière plans coupole de B.II

Cloche d'observation du bloc mortier BM.

Bloc mortier, embrassure d'un des trois mortiers de 81mm.

Bloc B.III, composé de trois cloches MG.

Cheminées d'évacuation de la salle des machines.

Fossé CI à CII.

Bloc BP, entrée de temps de guerre.

Cloche du bloc BP.

Embase de la cheminée de prise d'air télescopique.

Lien
http://www.fort-de-tancremont.be/acceuil.html
http://www.clham.org/050073.htm
http://www.fortiff.be/ifb/index.php?page=t0
http://home.scarlet.be/bjerome/CTancremont_histoire.htm

Bibliographie
-La Position fortifier de Liège – Tome N°4 Les Nouveaux Forts, (E.Coenen & F.vernier)
  2001 Edition de Krijger.
-Les 409 heures de Tancrémont – 1969, De Wergifosse.A – Verviers.S.D
-Le 29 mai 40, Tancrémont tient toujours – 1978, Gillis.R – Olnes.

toujours aussi intéressent  

Merci pour les photos et les commentaires,très intéressant et très bien fait. 

    

encore un superbe reportage
merci  

Voilà un petit supplement... (essai)

1929 : Etude et réalisation d'une nouvelle ligne de fortification la PFL1 le long de la frontière de l'Est qui comprendra 5 forts "modernes" dont fait partie Tancrémont

1935 : Début de la construction du fort, 1er mai creusement des puits et galleries

1937 : Inauguration le 8 août 1937

Situation géographique du fort (HSW nom de code militaire), l'éperon schisteux dans lequel le fort est construit se situe sur les communes de Theux et Pepinster à la cote 300. Le fort domine la vallée de la Vesdre et de la Hoegne.

Quelques chiffres sur l'ouvrage et le domaine militaire; le prix environ 80 millions de BEF d'avant 40, domaine militaire 45H, massif central 3.3H, fossé quadrangulaire 1.2H, 900 points lumineux, 1411 marches, 2,5km de galleries profondeur entre 20 et 27m , 2 coupoles de 75mm FRC mod.34, 3 mortiers de 81mm, 4 canons 47mm FRC mod.36, 8 cloches MI, 3 cloches FM.

10 blocs de combat, 2 abris IR dans les vallées de la Vesdre et de la Hoegne.

Vue aérienne du fort:



Bloc 2 coup. de 75 de nuit: