A la demande unanime
, voici la suite tant attendue
(
Petit correctif d'abord. Pas de blanc pour la couche d'apprêt au pinceau, pas assez couvrant, surtout avec de l'Humbrol nouvelle formule. Avec une bombe de peinture, ce n'est pas pareil : la vaporisation de deux/trois voiles fins successifs, même blancs, donne un fini parfait en une seule application.
PINCEAUX
Maintenant les ustensiles ont de l’importance ; utilise absolument des pinceaux de précision très fins en poils de martre, c’est pas donné mais ça marche mieux. De deux sortes : poils longs, et poils courts dits « à repiquer » ou à retouches. La marque Raphael, dans les séries 8400 et 8413, fait de très bons poduits. Il existe aussi Isabey, ou Prince August. Tu trouves ce genre de pinceaux dans les magasins d’arts graphiques, comme les couleurs à l’huile.
Disons qu’il te faut quatre pinceaux
Poils longs : un 3/0 (triple zéro), un 2/0 (double zéro) -le zéro n’a rien à voir avec moi ou toi, ça va mieux en le disant-
Poils court : un numéro 0 et un numéro 1.
Attention : La numérotation est susceptible de varier d’une marque à l’autre (ici je parle en référence à Raphael)
PREPARATION DE LA PEINTURE
Ta peinture à l’huile, tu en prélèves très peu du tube, avec un cure-dent par exemple ou quoi que ce soit d’équivalent. Tu déposes la « noix » sur du papier (plusieurs feuilles), ce qui aura pour effet de boire l’excés d’huile dans lequel baigne en général le pigment. Au final ta peinture sera moins brillante, juste un peu satinée, ce qui convient impec à l’aspect de la peau.
Pour diluer ta peinture, tu vas travailler sur une surface non imbibante. Un carreau de faïence blanc par exemple, ou un carton glacé/vernis, ou une palette d’atiste,en bois vernis, ou le mieux, une « palette pelable » en papier sulphurisé. Les palettes, en dur ou en feuilles, en ce moment tu risques d’en trouver au rayon fournitures scolaires.
Prends ta peinture (mise à dégorger depuis qqes mn) avec ton pinceau, pose-la sur ta palette, puis trempe le pinceau dans une peite coupelle où tu auras versé un peu de diluant (utilise une pipette doseuse). Tu mélanges diluant et peinture sur la palette, jusqu’à une consistance très fluide.
LAVIS LÈGER GÈNÈRAL
Avec de la terre de sienne, de l’ocre et du blanc, tu recomposes un mélange chair très dilué,que tu vas appliquer sur tout le visage en un passage rapide avec non pas un pinceau fin de finition comme décrit plus haut, mais un plus épais comme celui qui t’a servi à appliquer l’Humbrol. Ce lavis doit être léger, il va donner un filtre dans lequel tu vas maintenant peindre tes ombres.
OMBRES
Tu commences donc par les ombres. Avec de la terre d’ombre brûlée, et de la terre de Sienne brûlée ; rajoute de l’ocre jaune si tu juges le mélange trop foncé à ton goût. Utilise le poils longs essentiellement, les courts seront réservés aux retouches de détail en finition (lèvres, narines…).
Tu « dessines « les ombres avec ce jus qui s’infiltrera dans les orbites, autour des lèvres, des oreilles ; tu insistes et rajoutes de la peinture si le trait est trop transparent. Les ombres occupent tous les creux et tu auras intérêt également à délimiter le ligne des cheveux et celle du col par un trait foncé.
Pour les ombres les plus foncées (yeux, bouche, fond des oreilles), ajoute dans ton mélange ou du noir, ou de la terre d’ombre naturelle, ou les deux. Avec la pratique, tu acquerras vite de la liberté dans le choix des teintes, le dosage et la composition du mélange.
Si tes sombres conservent une « humidité » un peu trop prononcée, tu peux laisser « reposer » pour évaporation quelques instants avant d’attaquer les éclaircies, tu as le temps avec les huiles, c’est une peinture qui prend son temps pour sécher. Disons que dans le 1/4 ou la 1/2 heure, tu pourras encore travailler tes fondus à l’aise, dans le frais, selon l’expression consacrée..
ECLAIRCIES
Avant cela pose tes éclaircies. Cette fois un mélange chair très blanchi : sienne et ocre jaune, + beaucoup de blanc, le tout assez dilué.
Trace des traits clairs à côté des ombres sans jamais superposer le clair sur le foncé : sur les pomettes, le front, le nez, le menton, le tour des oreilles, bref toutes les arêtes.
FONDUS
Lorsque tu as posé tes éclaircies, je répète, par juxtaposition exclusivement, ce point est crucial, tu vas procéder aux fondus entre clair et foncé. Cela revient à créer une transition douce entre ces deux zones colorées contrastées. Pour cela tu prends un pinceau fin poils longs propre et tu viens le promener à la frontière entre clair et foncé, de manière à créer une ligne de mélange étroite entre les deux couleurs : c’est ce qu’on appelle le fondu.
FINITIONS
Une fois tous les fondus minitieusement réalisés, tu reprends dans le frais tes éclaircies pour augmenter, en leur centre, le reflet lumineux avec une touche d’une jus clair de base dans lequel tu instilles une pointe de jaune, et tjs, bcp de blanc. Pour savoir où poser judicieusement ces lumières, imagine un éclairage venant d’en haut (zénithal), et corrélativement les projections d’ombre qu’il entraîne. Place les lumières (éclaircies fortes) à proximité des zones sombres, en contraste fort avec elles. Ça donnera du relief et du caractère au visage de ta figurine.
Si tu veux accentuer une ombre, mieux vaut ne pas le faire dans le frais, attends une journée que les jus sèchent. Une nouvelle application marquera mieux parce qu’elle ne rediluera pas la précédente (les jus sont du diluant teinté finalement).
N’oublie pas : toute erreur ou débordement peut facilement être effacé tout de suite avec un pinceau propre uniquement imbibé de diluant pur. C’est un avantage qui compense le temps de séchage plutôt long .
BOUCHE
Si tu ne veux pas de déconvenues, fais toi à l’idée d’étaler cette peinture sur trois jours. Tu la traites comme un détail après les ombres et éclaircies générales : tu as donc déjà un début de qch à cet endroit-là aussi, mais pas suffisamment net, crois-en mon expérience. Donc après 24 heures, tu reviens dessiner le trait sombre qui sépare les deux lèvres (pinceau poils longs 3/0). Juste ça, puis laisse sécher à nouveau 24 h.
Alors tu fais le rose de la lèvre avec ton rouge de base (carmin, japonais, etc…) additionné de blanc. Tu appliques un trait de cette teinte (qui normalement tranche sur le mélange chair) sur la lèvre inférieure en veillant à ne pas effacer le trait d’ombre central (juxtaposition toujours, avec le brave 3/0). Pas question de fondu ici, bien sûr. T’occupe pas de la lèvre supérieure, serait pas payant de la peindre à cette échelle, contente -toi de lui appliquer un liséré de lumière chair juste au-dessus (arête sup de la bouche si ta fig. a une belle gravure) .
YEUX
24 h après le fondu général. Avec un mélange de noir et d’ombre naturelle, viens dessiner au poils longs 3/0 le cil supérieur, puis au poils courts n° 1 dépose un disque central tangent au cil sup., qui figurera la pupille. Corrige au pinceau propre et diluant ce qui n’irait pas, comme une gomme, cil trop long, mauvais centrage. Rappelle-toi pour centrer les yeux que les pupilles sont exactement écartées comme la largeur de la bouche, soit chaque pupille à la verticale de la commissure des lèvres du côté respectif.
A ce stade c’est tout. Laisse sécher les deux petits T.
Le lendemain, mélange du blanc à un soupçon d’ ombre brûlée, ou d’ocre ou bien de sienne ou d’ombre naturelle, en infime quantité, juste pour casser le blanc.
Ave le poils courts n° 1, dépose une pointe de blanc de part et d’autre de chaque pupille, avec pour seul souci de ne pas déborder ni sur le cil sup, ni sur la pupille. Tu peux dessiner ça en forme de trait vertical pour te simplifier la vie.
Ensuite essuie ce qui déborde en bas avec un poils longs propre par un mouvement horizontal. Ensuite prépare un mélange foncé comme pour le cil, rajoute de l’ocre pour l’atténuer un peu et viens dessiner maintenant le cil inférieur afin de fermer l’œil. Concentre-toi sur la justesse de ce trait relativement à la taille et à la forme de l’œil, pas sur l’épaisseur du trait, que tu corrigeras si nécessaire de la façon habituelle.
Tu devrais obtenir ainsi, méthodiquement, un regard pas trop moche.
Voilà les quelques principes à retenir pour réussir sa prise en mains de la peinture à l’huile. Prends ce que tu veux dans ce fouillis, tu y trouveras quelques trucs utiles, j’espère. Si cette technique te peinture t’intéresse, essaie d’appliquer le processus à la lettre au début, tu disposes de points de repère pour progresser pas à pas, en évitant les écueils. Puis, en prenant de l’assurance, émancipe-toi de ce carcan imposé qui correspond à mes habitudes et déformations perso et n’a rien d’une règle immuable, et développe tes propres recettes et usages.
A titre d'exemple, un résultat correct s'obtient aussi en barbouillant la couche rose de fond avec un mélange d'huiles foncé à la terre de sienne et/ou d''ombre brûlées. Après un court temps de repos, on "essuie" les arêtes du visage avec le plat des poils d'un pinceau propre plus épais simplement imbibé de diluant pur (légèrement). Ça dégage lesdites arêtes en clair, et laisse les creux en foncé. Reste éventuellment à peaufiner l'effet au pinceau en rajoutant du foncé et du clair ici ou là...
Bon courage aux peintres en herbe.
