Bonjour à tous,
en marge de mon topic sur l'autopsie de l'AMX 13 C90 de TAKOM, j'ouvre celui-ci afin de donner mon avis sur l'article d'Émilien PÉPIN paru dans le n° 136 de Steel Masters relatif à l'AMX 13/90 de TAKOM.
Cela fait presque deux ans que j'avais décidé de ne plus acheter cette revue eu égard au prix, à la qualité inégale et la sempiternelle présence de fautes d'orthographe. Mais lorsque j'ai appris la présence d'un article signé Émilien PÉPIN et voyant sur la couverture l'engin chaussé de belles chenilles Friul-model et une fois n'étant pas coutume, je décidais de me fendre de quelques €uros.
Je m'attendais à avoir le double effet Kiss Cool, mais à la lecture, cela a plutôt été la double déception :
- la première tient au fait que l'éditeur, certainement pour "fidéliser" ses lecteurs, coupe les articles en 2 éditions, la première sur le montage et la seconde sur la peinture. Pour ma part, tant qu'à faire, je lui propose de scinder le tout en 3 parties, un historique avec début du montage, la suite du montage avec début de la peinture et enfin le reste de peinture
, bon ça va, je sors à la fin de cet article
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- la deuxième déception tient au fait qu'ayant une très haute estime pour le travail d'Émilien PÉPIN et voyant qu'il mettait en place les chenilles Friul-modèle (effectivement celles de Spade sont plus fidèles), je m'attendais à voir un montage présentant les quelques suppressions ou rajouts nécessaires afin que la tourelle soit bien celle d'un 13/90, et là non, la maquette est encensée, je cite :" finesse et justesse du détail sont au rendez-vous" (ce n'est pas le constat que j'en fait). Mais, loin de signaler les anomalies (présence de la main courante sur le flanc droit de la tourelle, présence de 4 vis sur le capot blindé du ventilateur de tourelle, mauvaise représentation des patins de rechange...) ou de lister les principaux oublis (bidon de 2,5l de décontamination en nuque de tourelle, trous d'évents dans les manchons anti-arcure sous le canon, boitier pour le niveau de secours, épiscope OB 26 A pour le phare en position tir...) l'auteur nous présente un montage en "sortie de boite" tout en générant une erreur de son cru, hé oui, monsieur PÉPIN, vous avez mis les poignées des trappes de barillets à l'envers.
Ceci dit, je suis tout à fait d'accord avec 3 remarques avancées par l'auteur :1) la maquette sur le châssis 2A initial aurait pu faire l'objet d'une boite 3 en 1 au lieu de 2 en 1 (AMX 13/75 initial et IDF) en y incluant les rajout pour le C90 qui sont minimes chez TAKOM : supports tir et route du PH2A, phare PH2A, épiscope central de jour du tireur et canon de 90.
2) le prix qui oscille entre 45 et 47 € qui, à mon sens est prohibitif, car cette maquette est éloignée des standards actuels et ressemble plus à des productions d'Europe de l'Est en qualité et précision. Au sujet du coût, je vais me permettre une petite démonstration en comparant :
- l'AMX 13/90 de TAKOM muni de bonnes chenilles TAKOM (si elles sortent) pour un prix de 45-47€ + 10-12€ = 55-59€,
- à l'AMX 30 de chez MENG qui pour 57€ offre une excellente maquette (que beaucoup connaissent déjà), dont la finesse et la justesse sont au rendez-vous, allant jusqu'à proposer l'outillage, le 2,5 litres ainsi que les extincteurs en 2 options (avec ou sans attaches) afin de pouvoir utiliser de la PE sans avoir recours à de la chirurgie. A ce sujet, les barres à mine ainsi que le 2,5 litres sont donc en rab et peuvent rejoindre l'AMX 13. Vous pouvez aussi faire une copie du fer de pioche qui là n'est pas une pioche de nain de jardin.
3) il vous faudra bien vous documenter sur la version que vous voudrez réaliser. En effet, les variantes sont nombreuses ( 2A, 2B, 2C et 2D) avec sur chacune d'elles des évolutions dans le temps (reconstruction 1R ou 2R). Cependant il faudra veiller au grain car sur la toile on peut trouver tout et son contraire et il faut se méfier des informations dans lesquelles la vérité originelle a été modifiée, je prends 2 exemples :
- seul le règlement intérieur du camp de Canjuers (ouvert aux troupes en 1973) imposait de passer en chenilles du premier type afin de préserver les semelles en caoutchouc. En ce qui concerne le camp du Larzac, l'extension du camp originel de Napoléon III (qui a causé bien des soucis) prévoyait d'accueillir à partir de 1982-83 la valeur d'une division blindée-mécanisée avec possibilité de parcours de tir du niveau escadron et non plus peloton comme à Canjuers. C'est dans ce cadre que le service du matériel avait commencé à mettre en place des chenilles du premier type car les pierres des Causses du Larzac étaient aussi agressives que celles de Canjuers.
Pour une relève en février 1981 des troupes d'infanterie motorisée qui protégeaient les 5 fermes militaires du camp du Larzac, l'État Major de l'Armée de Terre avait demandé si une formation mécanisée était volontaire. Seul le 8° Groupe de Chasseurs de Wittlich a répondu présent, et pour cause, le chef de corps était de Saint Affrique et son second de Millau...
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons eu 3 possibilité : environ 50% des chars ont pu échanger leurs chenilles, 25 % des chars dont les chenilles étaient à 83 patins ont pu les conserver (en 8 jours il n'y avait plus de caoutchouc) et au moment du départ ils ont perçu de nouvelles chenilles, les usagées restant sur place pour les suivants qui ne sont jamais arrivés, et les équipages des 25 % restants ont du démonter les 172, 170 ou 168 semelles en caoutchouc et les remonter au départ.
- l'AMX 13 s'est vu doté de 4 rouleaux porteurs (et non galets de tension) de chaque coté, non par par la diffusion d'un BT (bulletin technique de 1962) mais par la mise en place du nouvel AMX 19/75 sur châssis 2D (dérivé de celui du VTT AMX 13 M56 et du char AMX 13 M58) en 1959 avec édition du nouveau guide technique MAT 3192 de la Section Technique de l'Armée de Terre intitulé : CHAR 13 t - 75 - Mle 51, types 2 A, 2 B, 2 C, 2 D, approuvé le 31 octobre 1959, sous le n° 4550/EMA/ARMET.
Sur la maquette de l'AMX 13 SS11, TAKOM a bien mis les 4 rouleaux porteurs ainsi que les 4 amortisseurs Monroë, et il a bien changé l'angle des bras de suspension qui est plus ouvert sur ce modèle, augmentant la garde au sol de près de 10 cm (comme pour le VTT M56), là, chapeau TAKOM d'avoir pris en compte cette subtilité.
En conclusion (j'ai été un peu long) je dirais que l'AMX 13/90 de TAKOM est une bonne base à condition d'y amener quelques corrections ne coûtant que du temps et il relègue notre bon viel Heller au musée. Je propose à Monsieur PÉPIN, si il le juge utile, de me contacter par MP afin de réaliser une superbe mise en peinture de ce char mythique.
Je rappelle en passant que l'AMX 13/90 n'a jamais été peint (durant son activité) en bariolé Centre-Europe (dont le noir français est aussi, comme le vert et le marron, différent du noir OTAN) et que chaque peloton d'AMX 13 était doté en permanence d'un pot de 1 kg de peinture vert armée et d'un pot de 1 kg de blanc ignifugé, ceci afin de faire les retouches nécessaires lors des entretiens hebdomadaires. De plus, chaque char était repeint au moins une fois par an (passation de commandement du Colonel, du Capitaine ou contrôle des matériels bisannuel), la peinture était largement diluée à l'essence et à l'époque on disait : "peinture sur merde égale propreté".
A+
C.C.